Avec une profusion de couleurs, un enchevêtrement de personnages
et une multitude de symboles, les tablaux de Natalia Bikir
regorgent de la même luxuriance que les portails des
cathedrales medievales, les tapisseries flamandes ou les
icônes bizantines.
Naïf voyeur , mon frère ...
Tu déambulerais, nez au vent, dans un improbable
Paris ; un miraculeux soleil d'automne iriserait le canal
glauque corseté de béton, escorté là-haut,
en surplomb, par une farandole de couleurs jallissantes,
complices du chatoiement de l'eau, sommaire exposition d'une
petite guérite où, tapie, Elle t'attendrait
venir...
Ou encore Amsterdam qui, soleil oblige, se prendrait pour
Venise. En bas-flanc , un canal scintillant au regard d'une
niche de lumière, où flamboieraient des toiles
accrochées dans une vitrine, comme le sourire éperdu
d'enfance de cette silhouette brune, lovée dans un
fauteuil.
Elle te regarderait voir....
Copenhague, pourquoi pas ? De Parken à Tivoli la
fête du soleil retrouvé et là, devant
les facéties multicolores d'un jet d'eau voltigeur,
au creux de cette baraque foraine enluminée de peintures
naïves en trompe-l'oeil , l'énigmatique Sirène
. Elle t'annoncerait les temps révolus...
Entrez ! Entrez ! Le spectacle va commencer.
Passe bien au large, toi qui baguenaude prudemment à l'affût
d'une occasion facile ; toi dont la curiosité n'est
pas assez perverse pour agrandir le trou et traverser le
mur. Il t'en cuirait tant de te laisser chavirer dans ce
regard noyé d'absolu nostalgique et de plonger au
delà de l'endroit de l'image pour découvrir
l'imaginaire de l'envers, l'enfer de tes épouvantes,
que tu irais te jeter dans le canal... Pauvre Gribouille
qui n'ose pas se mouiller !
II était une fois... |